Aller au menu
Aller au pied de page
Retour vers Le cothurne étroit

Baudelaire et le sonnet

Quel est donc l'imbécile [...] qui traite si légèrement le sonnet et n'en voit pas la beauté pythagorique ? Parce que la forme est contraignante, l'idée jaillit plus intense. Tout va bien au sonnet : la bouffonnerie, la galanterie, la passion, la rêverie, la méditation philosophique. Il y a, là, la beauté du métal et du minéral bien travaillés. Avez-vous observé qu'un morceau de ciel aperçu par un soupirail, ou entre deux cheminées, deux rochers, ou par une arcade, donnait une idée plus profonde de l'infini que le grand panorama vu du haut d'une montagne ?... Quant aux longs poèmes, nous savons ce qu'il en faut penser : c'est la ressource de ceux qui sont incapables d'en faire de courts. Tout ce qui dépasse la longueur de l'attention que l'être humain peut prêter à la forme poétique n'est pas un poème.

Charles Baudelaire, Lettre à Armand Fraisse (18 ou 19 février 1860 - on trouve des versions légèrement différentes de cette citation sur divers sites et je n'ai pas recherché de source faisant autorité)


Domaine public