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Avatars de Nerval

Arithmonyme

Gilles Esposito-Farèse

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El Desdichado : Je suis le ténébreux / le veuf / l'inconsolé, le prince d'
Aquitaine à la tour abolie : ma seule étoile est morte, et mon luth
constellé porte le soleil noir de la mélancolie. Dans la nuit du tombeau,
toi qui m'as consolé, rends-moi le Pausilippe et la mer d'
Italie, la fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé, et la treille
où le pampre à la rose s'allie. Suis-je Amour ou Phébus ?...
Lusignan ou Biron ? (Mon front est rouge encor du baiser de la reine.
) J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène... Et j'ai
deux fois vainqueur traversé l'Achéron / modulant tour à tour sur la lyre
d'Orphée les soupirs de la sainte et les cris de la fée.

Ival Ch'Nerval


Toutes les lignes comptent 13 mots (vers arithmonymes, aussi appelés isoverbaux). Simpliste parodie d'une règle formelle choisie par Ivar Ch'Vavar et d'autres poètes contemporains, illustrant que ça n'est pas une contrainte. Les barres obliques, passages à la ligne après une apostrophe ou avant une parenthèse fermante, et la « rime » ordurière de la quatrième ligne sont dans l'état d'esprit des textes parodiés.


El Desdichado (qu'on a souvent traduit « Le Déshérité »)

Je suis l'obscur mortel, — le veuf, — l'inconsolé,
Le roi de l'Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, — et mon luth constellé
Porte un soleil tout noir, d'où ma Mélancolie.

Dans la tombale nuit, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
La treille où quelque pampre aux églantiers s'allie.

Aurais-je l'air d'Amour, Lusignan ou Biron ?
Mon front rougit encor du baiser de la reine ;
Je rêvais dans la grotte où nageait la sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et hurlements de fée.

Gérard Labrunie, dont le pseudonyme était Gérard de Nerval


Micro-traductions permettant d'obtenir 9 mots par ligne sans grand effort.


© Gilles Esposito-Farèse – 2014