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Retour vers Avatars de Nerval

« Je suis le ténébreux »

Qu'est-ce que c'est ?

Couverture du livre Je suis le ténébreux Je suis le ténébreux – 101 avatars de Nerval est un livre paru en 2002 aux éditions Quintette. Il est constitué d'une partie des réécritures de El Desdichado disponibles sur le présent site. Son auteur heptacéphale se nomme Camille Abaclar. La préface est due à l'oulipien et pataphysicien François Caradec et la mise en page particulièrement soignée est de l'orthotypographe Jean-Pierre Lacroux.

Comment se le procurer ?

Ce livre est depuis longtemps épuisé chez l'éditeur et en librairie. On en trouve des exemplaires chez des marchands de livres d'occasion ou sur des sites de vente en ligne, à des prix parfois prohibitifs. Il vaut mieux vous adresser aux auteurs, qui disposent encore de quelques exemplaires neufs qu'ils vous cèderont volontiers au prix éditeur ou au-dessous.

Données utiles :

Titre : Je suis le ténébreux
Sous-titre : 101 avatars de Nerval
Auteur : Camille Abaclar
Éditeur : Quintette, 2 rue de Bigorre, 75014 Paris, France
Date de publication : avril 2002
Pages : 142
Dimensions : 17 x 24 cm
Poids net : 345 g
Prix éditeur : 12,50 €
ISBN : 2 86 850 108 7

Les auteurs

Le pseudonyme collectif apparaît de lui-même quand on écrit verticalement le nom des sept auteurs.

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Le sommaire

Préface / Original / Antonymie / Prisonnier / Chanson / Glose / Palindromes / Japonais / Chimère / Durassique / Souvenirs / Carré / Circulaire / Insultes / Découpe impolie / Rondeaux / Commentaires / Argotique / Brassensien / Interrogatoire / Mallarméen / Résumés / Dilatation / Comptine / Épistolaire / Québécois / Liponom / Lipoverbe / Lipogramme / Monovocalisme en e / Monovocalisme en a / Musée / Piaffant / Latin / Piraterie / Distanciation / Rapprochement / Okapi / Ode / Noël / Scénario / Bibliographie / Tautogramme / Beau présent / Belle absente / Petits poids / Comédie / Iambe / Homéotéleute / Annonces matrimoniales / Pour malentendants / Fable / Informatique / Patois / M + 1 fonctionnel / Nippon / Théâtre de l'absurde / Anagrammes / Monosyllabes / Dissyllabes / Trisyllabes / Tétrasyllabes / Ambigramme / Acrostiche / Questionnaire / Prévertien / Psychanalyse / Scolaire / Gastronomique / Traduction / Anagramme / Interpolation / Rabelaisien / Zoologique / Militant / Contradictions / Puzzle / Ludique / Échéphile / Bergsonien / Morale élémentaire / Proverbes / Hétérogramme / Séquences vocaliques / Logo-rallye / Transcendant / Michalien / Maladies / Homovocalisme / Viel françoys / Masculin / Féminin / Neutre / Perecquien / Psaume / Mots cachés / Épitaphe / Clone / Pot-pourri / Postface / Index / Index thématique.

Ce qu'ils en ont dit

Le Nouvel Observateur, 4 au 10 juillet 2002

Voici un recueil d'exercices de style qui séduira aussi bien les initiés que les néophytes. Les auteurs qui se cachent sous le pseudonyme de Camille Abaclar ont laissé s'opérer la magie de l'imagination en donnant une centaine d'avatars du célèbre poème de Gérard de Nerval, « El Desdichado » : « Je suis le ténébreux, le veuf, l'inconsolé. » Cette nouvelle pléiade lève le voile sur des versions audacieuses, mêlant subtilement classique et modernité, bonne humeur et second degré. Les figures de style traditionnelles sont enrichies de formes inédites, offrant au final un vrai régal littéraire.

A.-S. D.

Le Temps, 25 mai 2002

Dans la tradition de l'Oulipo, voici une centaine de détournements ludiques du célèbre sonnet de Gérard de Nerval : « Je suis le Ténébreux, — le Veuf, — l'Inconsolé, / Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie : / Ma seule Etoile est morte, — et mon luth constellé / Porte le Soleil noir de la Mélancolie »... Né lors du festival In-Folio d'octobre 2000 à Genève, ce canular érudit signé d'un pseudonyme réunit les talents de sept auteurs (dont le mathématicien genevois Pascal Kaeser), familiers des techniques combinatoires. Ils se sont amusés à disposer les mots d'El Desdichado dans un ordre différent pour obtenir un autre sonnet, ils l'ont pastiché à la Duras ou à la Brassens, ils en proposent une version gastronomique (« Je fuis le thé hébreu, le vin, l'œuf consommé »), le transforment en interrogatoire, en épitaphe ou en bibliographie, en font un hybride de la chanson de Moustaki (« Allez, venez, Milord, le veuf, l'inconsolé, / Le Prince d'Aquitaine : ici c'est confortable »), ils en proscrivent la lettre « e » ou n'utilisent qu'elle, composent un double « acrostichado » avec ses 14 vers : toutes prouesses qui rendent l'original plus irréductible encore !

Isabelle Martin

Florilège, juin 2002

Il ne vous aura pas échappé que depuis la parution d'un certain numéro du Magazine littéraire qui présentait 50 ans de poésie en France, un vent de fronde souffle, dont l'appel à la tenue des Etats Généraux de la Poésie (pas moins que ça) donnait le la d'une gravité affirmée (attention, la gravité a une tendance à faire retomber les choses !). Il s'agit de revendiquer, face à une collusion de Dr Frankenstein du langage, la primauté et la légitimité de l'émotion.

Or voici, à contre courant, 7 auteurs-bricoleurs héritiers du déshérité qui lui secouent le sonnet, et ce n'est pas triste du tout. Faudrait-il en venir à admettre qu'il peut être drôle de s'amuser ? En tout cas,
J'ai lu les si nombreux — les neufs — incontrôlés
Poèmes par douzaine à leur tour établis
Pour que ce sonnet sorte d'où Nerval l'a collé :
De sous le voile noir de rimes affaiblies,

et j'en ai vu de toutes les couleurs !

Nous devons à Pascal Kaeser, qui officie à treize reprises dans cet ouvrage le plaisir de cette lecture particulièrement bien venue pour dérider le débat.

Jean-Michel Lévenard

Cahiers du Collège de 'Pataphysique, septembre 2002

Je suis le ténébreux, 101 avatars de Nerval : le titre est clair ! Ces exercices de style, inaugurés à Genève en octobre 2000 vulg. s'interrompent fatidiquement au nombre de 101, début 2002. Mais ce n'est là ni le début ni la fin des transformations suscitées par l'obscur et célèbre sonnet : peu de chants ont connu autant de gloses (pour mettre le Contrepet de la partie), et toutes les manipulations ne peuvent abolir une telle densité de mythes... Déjà dans le premier recueil de Littérature potentielle (1973), « El Desdichado » est plusieurs fois utilisé par Raymond Queneau (« El Desecativo », « El Desdonado ») ; et on se souvient que Georges Perec a exécuté une lecture inverse de « Gérard de Verlan », avec le titre « Dos, caddy d'aisselles » (car on a décidé de prononcer desdichado comme cadeau). Dans ce volume sélectif — présenté avec une mélancolie de bon aloi par le Rt François Caradec — se succèdent contraintes dures et contraintes souples. Parmi les entreprises les plus délicates, on peut mentionner les quatorze palindromes de Jacques Perry-Salkow (qui a écrit deux nouveaux sonnets palindromiques pour les Carnets), sous le titre « Ô bobo » : et ce sont des alexandrins ! et qui riment ! Ou encore le sonnet anagramme de Gilles Esposito-Farèse intitulé « I deed old cash » : il y a toutes les lettres de chaque vers (on a recompté !), et on voudra bien fermer les yeux sur les entorses au classicisme (par exemple : « emplie d'anomalies » rimant avec « pallie »). De même, comment s'étonner que l'acrostiche double (Nicolas Graner) ne rime qu'accidentellement ? Il serait encore plus incongru de demander un sens clair : hermétisme oblige, et secret bancaire. Le summum des contraintes se rencontre dans le poème homothétique « El Desdichado » : ce clonage ne laisse en effet strictement aucune liberté au courageux copiste. Outre les auteurs sus-cités, on reconnaît la patapatte d'Alain Zalmanski, qui s'essaie à une vingtaine de registres : voir sa version « latine » (Ego tenebrentis, solus, inconsolem...), la liste de préceptes indispensables : « Qui se fait ténébreux veuf se retrouvera », etc. Elisabeth Chamontin, Patrick Flandrin et Pascal Kaeser complètent la pléiade dont le croisement des noms fait apparaître cette signature : Camille Abaclar. Les sept auteurs, tels les sept chœurs du luth, entrent en harmonie dans l'ultime sonnet, centon empruntant à quatorze de ces productions : ce pastiche panaché, ou « pot-pourri », permet au lecteur d'exercer sa sagacité face à quatorze contraintes.

Jacques Antel, R.

Le Coin de table n°12, octobre 2002

Sacré sonnet que ce Desdichado ! Il n'a pas fallu moins de sept joyeux drilles (pseudonymisés collectivement) pour tenter d'en venir à bout. Ces clones clownés des Oulipiens ont passé le sonnet à la moulinette de procédés divers (acrostiches, anagrammes, lipogrammes, télégrammes, tautogrammes, etc.) — en tout 101 outrages ou, si l'on préfère, 101 hommages (non, pas cent sonnets, Boris Vian avait déjà retenu le titre). C'est drôle, habile, pasticheur, et ces oulipoussins sont plus rigolos que les Pères Fondateurs. De l'oulipoésie de choc (O las !).

Jacques Charpentreau

Le groupe de discussion « Georges Perec »

De: Alain Chevrier
À: listeperec@yahoogroupes.fr
Objet: Du nouveau sur El Desdichado
Date: Thu, 25 Apr 2002 15:04:07 EDT

Toutes affaires cessantes, fussent-elles liées à la deprimante nouvelle situation politique, et meme a titre de diversion et de consolation, les pereciens courront acheter l'ouvrage de Camille Abaclar "Je suis le tenebreux. 101 avatars de Nerval" (Quintette, 2002, 142 p., prix correct). Camille Abaclar est un nom bisexuel et collectif qui désigne certains membres parmi les plus créatifs de la liste oulipo, notre remuante voisine : par ordre alphatique Elisabeth Chamontin, Gilles Esposito-Farese, Patrick Flandrin, Nicolas Graner, Pascal Kaeser, Jacques Perry Salkow et Alain Zalmanski. Cette nouvelle pleiade y donne de nouvelles versions du sonnet de Nerval, à base de contraintes oulipiennes ou metaoulipiennes, ou de parodies plus classiques mais réjouissantes. La fausse préface est de leur grand oncle adoptif, François Caradec. Perec, qui suivait lui-même Queneau dans les expérimentations sur ce poème de choix, est très présent : contraintes à lui empruntées, allusions, et on le retrouve dans le rappel historique final. Plaisir intellectuel garanti.

Alain Chevrier

Le groupe de discussion « Typographie »

De: Eric Angelini
À: typographie@irisa.fr
Objet: Je suis le Tenebreux
Date: Tue, 14 May 2002 14:34:00 +0200

J'ai reçu ce matin par la poste un exemplaire du « Je suis le ténébreux — 101 avatars de Nerval », écrit par le collectif « Camille Abaclar » et publié chez Quintette. Je vous avais parlé avec enthousiasme de cet opus lors d'une première lecture sur écran, à Bruxelles, chez Jean-Pierre Lacroux — lequel fut tout à la fois, compositeur, metteur en musique et orthotypographe élégantissime de la chose. Il me faut malheureusement vous avouer ceci aujourd'hui : la version papier surclasse tellement la petite quincaillerie de Steve Jobs que le rouge de la confusion m'en monta au front devant le facteur ! Car ce n'est plus un livre que nous avons là, mais un véritable incunable ! L'amoureux de la chose imprimée doit absolument se procurer l'ISBN 2 86850 108 7 : il y verra toutes les polices retenues, et pourquoi ; toutes les mises en page éblouissantes et leur pertinence ; toutes les manières de présenter un sonnet et ses variantes complexes ! Ce véritable b.a.-ba de typographie appliquée devrait être distribué dans les écoles de PAO ! Que ce soit sous la forme « pièce de théâtre », « petites annonces », « formulaire administratif », « programme informatique », « lettre de candidature », « courrier médical privé », « bibliographie », etc., les exemples fournis et les solutions trouvées sont une véritable bible pratique pour tous ! Ah l'italique, le gras, le blanc, les petites capitales, le tiret long, la note de bas de page, son appel... il faudrait tout citer en ce festin ! Mais combien d'heures a donc travaillé notre homme ? Est-ce encore envisageable, de nos jours, un tel travail ? Rentable ? Cette question n'encombrera pas longtemps le lecteur que vous serez : pour moins de treize misérables euros vous vous formerez l'esprit, dilaterez la rate, colorer le pylore ! Bravo Jean-Pierre, bravo Gérard, bravo Camille Abaclar !

EA


Nicolas Graner, 2013, Licence Art Libre