Aller au menu
Aller au pied de page
Retour vers Avatars de Nerval

Avatars de Nerval

Musée

Nicolas Graner & Camille Abaclar

Précédent : Mots-valises Un avatar au hasard Suivant : Musical

Voir aussi :
Artistique

El Decrilprado

...Le portrait que vous avez maintenant devant vous a pour titre « le Ténébreux », mais on le désigne aussi sous les noms de « le Veuf » ou « l'Inconsolé ». Il représente le prince d'Aquitaine peu après la mort de son épouse. Vous noterez que la tour qui orne son écu est couchée, en signe de deuil. En haut à droite on remarque une unique étoile dans le ciel qui représente la défunte. L'instrument que tient le prince est un luth, richement décoré de symboles astrologiques (étoiles, lune, soleil) ; on remarque toutefois que le soleil est peint en noir, en accord avec l'expression mélancolique du personnage.

Le tableau suivant représente le tombeau de Virgile à Naples. C'est le seul tableau de cette époque qui nous montre ce monument la nuit. La lumière blafarde de la pleine lune a permis à l'artiste de rendre la colline du Pausilippe, à gauche, et les reflets sur la mer, à droite, d'une manière tout à fait particulière. On note au-dessus du tombeau une treille où apparaît, au milieu des grappes de raisin, une rose, qui était la fleur emblématique du grand poète.

Le petit tableau que vous voyez maintenant sur votre gauche est controversé. Il n'est pas signé ; selon certains experts il serait dû à Amaury de Lusignan, alors que d'autres l'attribuent à Armand de Gontaut, duc de Biron. Le sujet est également disputé : il pourrait s'agir de Cupidon, dieu de l'amour chez les Romains, ou de Phébus-Apollon, divinité solaire. On observe une marque rougeâtre sur le front du personnage : selon la tradition, la reine Juliana des Pays-Bas, lorsqu'elle visita notre musée, fut si séduite par ce tableau qu'elle ne put s'empêcher d'y déposer un baiser. Par respect pour sa personne le tableau n'a jamais été nettoyé.

La gravure située à droite montre Ulysse rêveusement accoudé au bastingage de son navire, écoutant chanter la sirène dont on devine la silhouette dans la grotte visible à l'arrière-plan.

Et pour terminer, les deux tableaux situés sur le mur du fond présentent des interprétations différentes de la même scène, Orphée ramenant Eurydice des Enfers. Il est intéressant de comparer les expressions des personnages. Dans les deux cas, Orphée est montré triomphant, chantant et jouant de sa lyre tandis qu'il traverse l'Achéron en vainqueur dans la barque du nocher Charon. Mais dans le premier tableau Eurydice est humble, baissant la tête, elle semble soupirer comme si elle pressentait l'imminence de sa fin tragique et s'y résignait par avance, soumise aux volontés divines ; dans le second, au contraire, elle marche fièrement derrière son époux, la tête haute, la bouche souriante, elle paraît vouloir lui crier sa joie, et l'on reconnaît bien en elle une nymphe des bois.

Voilà, Mesdames et Messieurs, la visite est terminée. La sortie se trouve sur votre droite.


Nicolas Graner, 2000, Licence Art Libre