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Avatars de Nerval

Prévertien 1

Nicolas Graner & Camille Abaclar


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Ténébreux

Rappelle-toi Ténébreux
Tu étais veuf ce jour-là
Et tu marchais vers ta tour
Princier aquitain inconsolé
Vers ta tour abolie
Rappelle-toi Ténébreux
Ta seule étoile était morte
Et je t'ai croisé avec ton luth
Ton luth constellé
Qui portait un soleil
Rappelle-toi Ténébreux
Ce soleil qui était noir
Ce soleil qui était mélancolique
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Dans le tombeau il faisait nuit
Et quelqu'un t'a consolé
Ténébreux
Et tu voulais qu'il te rende
Inconsolé aquitain princier
Qu'il te rende le Pausilippe
Et aussi la mer d'Italie
Rappelle-toi cela Ténébreux
Et ne m'en veux pas si je garde la fleur
La fleur qui plaisait tant à ton cœur
La fleur qui plaisait à ton cœur désolé
On ne rend jamais la treille
Et le pampre et la rose
Même quand ils sont alliés
Rappelle-toi Ténébreux
N'oublie pas
Tu étais veuf et inconsolé
N'oublie pas ceux que tu aimais
N'oublie pas Amour et Phébus
Et Lusignan et Biron
Et ta seule étoile et ton luth
Et la reine
Et le baiser sur ton front
Oh Ténébreux
Quelle connerie la grotte
Qu'est-elle devenue maintenant
Cette sirène qui nageait
Dans cette grotte où tu rêvais
Et celui qui t'a consolé
Est-il vaincu ou vainqueur
Oh Ténébreux
Combien de fois déjà as-tu traversé l'Achéron
Portant ton luth mélancolique
Tu modules toujours ton chant
Comme tu modulais avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
Ce n'est plus ton luth constellé
Ce n'est même plus une lyre
Et surtout pas celle d'Orphée
Tout simplement des soupirs
Les soupirs d'une sainte
Des soupirs et des cris
Des cris qui disparaissent
Poussés par une fée
Et vont pourrir au loin
Loin très loin de ta tour
Dont il ne reste rien

Jacquard de Préval


Parodie du poème Barbara de Jacques Prévert (1900-1977).


Nicolas Graner, 2000, Licence Art Libre