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Avatars de Nerval

Tronçonné

Robert Rapilly

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El Demultiplicato

Je suis le Ténébreux qui plie
Inconsolé sous l'Aquitaine
Ou Prince à la Tour abolie
Seule une étoile morte y mène

Et constellé je porte et traîne
Un luth signé Mélancolie
Dans la nuit du Tombeau ta peine
Eût consolé de ma folie

Encor Virgile et l'Italie
La fleur qui plaisait tant au chêne
A désolé la treille pleine
En Pampre arrosé de saillie

Suis-je Amour que Phébus déchaîne
Où va Biron pauvre coolie
On rêve au baiser de la Reine

Le front rosi d'une ancolie
À l'Achéron chez la Syrène
On nage et lors vierge oublie

Jouant sur une lyre hellène
Ai-je crié comme on supplie
Ô Fée ô sainte Cantilène


Ce poème semble composé de trois quatrains et trois tercets d'octosyllabes. En réalité c'est un sonnet régulier (deux quatrains et deux tercets d'alexandrins), l'illusion étant due à une mauvaise mise en page. Le poème aurait dû être disposé de cette façon :


Je suis le Ténébreux qui plie, inconsolé
Sous l'Aquitaine, ou Prince à la Tour abolie.
Seule une étoile morte y mène et, constellé,
Je porte et traîne un luth signé Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, ta peine eût consolé
De ma folie encor Virgile et l'Italie.
La fleur, qui plaisait tant au chêne, a désolé
La treille pleine en Pampre arrosé de saillie.

Suis-je Amour que Phébus déchaîne où va Biron ?
Pauvre coolie, on rêve au baiser de la Reine,
Le front rosi d'une ancolie à l'Achéron !

Chez la Syrène on nage et, lors vierge oublié,
Jouant sur une lyre hellène, ai-je crié
Comme on supplie : ô Fée, ô sainte Cantilène !


© Robert Rapilly – 2007