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Avatars de Nerval

Clone

Gilles Esposito-Farèse & Camille Abaclar


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Voir aussi :
Original
Pangramme minimaliste

El Desdichado

Je suis le ténébreux, — le veuf, — l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, — et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron,
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.

Piéral Ménarve


Cette version respecte un grand nombre de contraintes oulipiennes : chaque vers est composé des mêmes lettres que le vers correspondant du poème original (anagramme), conserve la même structure grammaticale (homosyntaxisme), maintient toutes les voyelles en leurs positions initiales (homovocalisme), et suit la même règle pour les consonnes (homoconsonantisme). Les rimes et les syllabes clefs ont également été conservées, et la grande majorité des syllabes non accentuées aussi (homophonie). Il s'agit pour finir d'un panvocalisme lipogrammatique en k, w et z, chaque vers contenant obligatoirement toutes les lettres du mot « bravo » en espagnol (olé). Cette accumulation de contraintes explique la regrettable obscurité de ce poème, mais ne pardonne hélas pas ses graves faiblesses prosodiques, notamment son utilisation à la rime de deux mots de même racine (inconsolé au premier vers et consolé au cinquième). L'auteur, descendant d'Herbert Quain par sa mère et de Jorge Luis Borges par son facteur, a expliqué sa méthode de travail dans Comment j'ai écrit certains de mes sonnets. Il a comparé l'anacyclique syllabique de Dos, caddy d'aisselles de Georges Perec au X-7 d'El Desecativo de Raymond Queneau, et conservé les vers qui coïncidaient.


© Gilles Esposito-Farèse – 2000