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Avatars de Nerval

Inéligible

Alain Créhange

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Voir aussi :
Désabusé
Élisabéthain
Étrangère
Gilet jaune
Indécis
Insoumis
Macronien
Penelopegate
Penible
Penible 2
Remanié
Trumpiste
Vaincu
Vainqueur

El Mairdebordo1

Je suis un Ténébreux, — le meilleur d'entre nous,
Un prince d'Aquitaine aux deux tours abolis2.
J'ai perdu trois mandats ; je suis sur les genoux ;
Je marche à quatre pattes — ce n'est pas joli.

Réélu pour cinq ans, toi qui m'as bien lâché,
Rends-moi mes six maisons et l'hôtel Matignon3,
Ou le septième ciel, où tu te tiens perché
Pourrait s'évaporer sous huit jours, mon mignon4.

Suis-je Édouard ou Sarko5 ?... Charles Neuf6 ou Giscard7 ?
Mon front reçut dix fois le laurier qui honore ;
J'ai failli diriger le onze tricolore.

Et j'ai, douze fois con8, accepté ce placard.
M'éclipsant sans un bruit, comme un treizième à table,
Comme sous Louis Quatorze9 un Fouquet qu'on accable.

Alain-Gérard de Jupperval

[1] Ce poème fut envoyé au Président de la République, au lendemain du second tour des élections de 2002, par un ancien Premier Ministre qui sollicitait un poste dans le gouvernement à venir. D'après les informations dont nous disposons, il ne semble pas que cette démarche ait été suivie d'effet.

[2] La référence à l'Aquitaine et aux deux tours abolis (métaphore de l'inéligibilité) donne à penser que l'auteur est un maire de Bordeaux qui a connu certains revers de fortune en politique. Toutefois, une analyse stylistique approfondie écarte catégoriquement l'hypothèse d'un texte écrit par Montaigne.

[3] On ignore si l'auteur fait allusion à un poste de Premier Ministre et à des logements de fonction, ou à une partie de Monopoly.

[4] Le ton devient franchement déplaisant. On comprend que le destinataire de ce poème n'ait pas donné suite.

[5] Ces deux références restent obscures. Il devait s'agir de personnalités qui possédaient une certaine notoriété à l'époque où le texte fut écrit.

[6] Charles IX : roi de France (de 1560 à 1574), qui laissa perpétrer les massacres de la Saint-Barthélemy.

[7] Valéry Giscard d'Estaing : président de France (de 1974 à 1981), qui assista au sacre de Bokassa.

[8] Sous l'effet de la colère, l'auteur se laisse aller à s'exprimer dans un style très relâché.

[9] Louis XIV : roi de France (de 1643 à 1715), au sujet duquel il n'y a pas grand-chose à dire.


Chaque vers contient le nombre correspondant à son rang dans le sonnet, sous forme cardinale ou ordinale.


© Alain Créhange – 2005